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En 1983, la création de l’organisation paysanne ANAPQUI par les communautés aymaras et quechuas sur l'Altiplano, a permis de promouvoir une agriculture biologique du quinoa et de verser une rémunération permettant de subvenir aux besoins de base d’une famille de quatre personnes.
Elle regroupe 8 organisations régionales et 1450 paysans
75% des ventes sont désormais réalisées à l’international avec comme partenaire principal GEPA, et 25% sur le
marché national.
ANAPQUIpossède en outre, une usine de traitement du quinoa à Challapata (dans la région d’Oruro) qui emploie 40 personnes dont 75% de femmes.
Le succès du quinoa a contribué à l’augmentation des prix en Bolivie et l’augmentation de la production a pour conséquences un appauvrissement et une érosion des sols. Pour faire face à ces enjeux environnementaux et économiques, la coopérative avec l’aide de partenaires locaux et internationaux, forme les producteurs à l’agriculture biologique et aide à la réintroduction d’élevage de lamas.
controverse
Quelles sont les caractéristiques du quinoa et comment a évolué sa culture ?
Bien adapté à la sécheresse, au gel et à l'ensoleillement des Andes, résistant naturellement aux insectes ravageurs grâce à la saponine (une substance savonneuse) qui recouvre ses graines, doté de bonnes qualités nutritionnelles (sa graine contient beaucoup de protéines, des oméga-3 et du fer), seule plante cultivable à haute altitude, le quinoa semble être une plante alimentaire idéale pour les montagnards d'Amérique du Sud, en Bolivie, au Pérou, au Chili et en Équateur .
« Sur l'Altiplano,au début des années 80, les paysans cultivent le quinoa à la main, sur de petites parcelles. Cette culture n'interfère pas avec l'élevage de moutons et de lamas au bas de ces collines. Au contraire, le fumier du bétail sert à fertiliser les champs », explique Didier Bazile, agronome et géographe au Cirad de Montpellier, qui a travaillé au Chili.
« Le quinoa a un fort rendement en grains, nécessite peu d'eau et résiste aux ravageurs, explique Thierry Winkel. Qui plus est, les agriculteurs sont propriétaires de leurs semences, et restent indépendants des grandes multinationales agrosemencières. »
Mais la demande dépasse l'offre. Dès la fin des années 1980, certains paysans décident d'étendre les surfaces cultivées sur des parcelles jusque-là réservées au bétail. Tracteurs et semoirs démultiplient l'efficacité du travail… mais contribuent à l'érosion des sols. En Bolivie, de 1972 à 2005, la surface cultivée augmente de plus de 200 %. Au niveau économique, le prix au producteur passe de 890 €/tonne en 2007 à 2 100 €/t en 2008 ! L'augmentation de la production permet aux petits producteurs d'accroître leurs revenus et de freiner l'exode rural.
Quelles sont les conséquences ?
On lit parfois que, le quinoa devenant hors de prix pour eux, les Boliviens le remplaceraient par le riz et les pâtes « Cet argument fait sensation, mais ne tient pas : la consommation croissante de riz et de pâtes en Bolivie remonte aux années 70, quand l’aide internationale a massivement introduit ces produits dans le pays. Lier le boom du quinoa et la malnutrition des enfants est donc faux et malhonnête », réagit Thierry Winkel.
Les vrais problèmes concernent la terre. Par endroits, les tracteurs, mal utilisés, ont commencé à dégrader le sol. L’expansion des cultures a soulevé la question du partage des terres et de la place de l’élevage. Après une période de boom, les producteurs ont redéfini ensemble, avec l’appui des ONG et du commerce équitable, des règles d’usage durable des terres. C’est le sens des nouvelles normes de certification internationale du quinoa mises en place depuis cette année.
CONCLUSIONS : Dans les débats locaux actuels, la durabilité n’est plus simplement posée en termes techniques et écologiques : la dimension sociale a fini par être reconnue. Des apprentissages les pratiques agricoles et leurs impacts sur l’environnement et l’importance de l’organisation sociale dans la production, se mettent en place. Les actions collectives, volontaires sont déterminantes pour la gestion des problèmes actuels, liés aux conflits autour de la gestion des ressources naturelles (conflits élevage/culture, conflits d’usage des terres) et aux conflits sociaux (régulation de l’accès aux terres).
L’agrosystème « quinoa » du sud bolivien apparaît fragile quant à ses composantes écologiques mais résiliant quant à ses composantes sociales. En effet, les populations des communautés de l’altiplano sud ont construit depuis fort longtemps des réseaux spatiaux, leur permettant d’aller et venir dans l’espace et de pratiquer diverses activités, ce qui ne les« condamne pas » à l’unique activité de production de quinoa dans leur communauté d’origine.