Boutique de commerce équitable
La campagne "Pour un chocolat équitable dans nos territoires" a été lancée le 1er octobre dernier par le mouvement Artisans du Monde, au moment de la Journée mondiale du cacao et du chocolat.
À l’approche des fêtes de Pâques, le réseau Artisans du Monde met à l’honneur, tout au long du mois d’avril, la nécessité d’un commerce plus équitable dans la filière cacao.
LE CONTEXTE
En France, ce sont 15 000 tonnes de chocolat qui sont vendues chaque année à Pâques, une consommation en constante hausse. Pourtant, le marché mondial du cacao reflète des dysfonctionnements économiques et sociaux toujours plus importants, avec des effets dévastateurs pour l’environnement.
Le commerce mondial du cacao est marqué des inégalités profondes, héritées de son passé colonial. Selon le Conseil International du Cacao, les pays producteurs, principalement africains, ne reçoivent que 6% du chiffre d’affaire généré par la filière. Les bénéfices sont majoritairement captés par les multinationales européennes et américaines du chocolat, tandis que les cultivateurs touchent souvent moins de 2% des marges.
Les conséquences sociales et humaines sont criantes : la majorité des producteurs et productrices de cacao vit sous le seuil de pauvreté d’1,20 dollar/jour. En Côte d’Ivoire, nombre d’entre elles et eux n’ont pas accès aux infrastructures de base (routes, électricité, eau potable...) ni aux services de santé et d’éducation. L’insécurité alimentaire est aussi un enjeu majeur car les cultures vivrières sont peu développées.
Cette situation dramatique est la source de violation des droits humains, notamment d’exploitation des enfants. Dans l’incapacité financière de faire appel à une main d’œuvre salariée, les producteurs·rices se tournent vers leur famille pour pouvoir subvenir à leurs besoins vitaux. Or, selon l’OIT, le travail des enfants regroupe les activités comportant des risques ou susceptibles de compromettre l’éducation de l’enfant, de nuire à sa santé ou à son développement physique et mental. Elles incluent le défrichage des terres, le port de charges lourdes, l’exposition à des pesticides nocifs, l’utilisation d’outils tranchants, le travail avec des machines dangereuses, ou encore les longs horaires de travail. Il existe même des réseaux de trafics humains, impliquant le déplacement forcé d’enfants depuis d’autres régions ou pays frontaliers (Mali, Guinée, Burkina Faso…) pour travailler dans les plantations de cacao.
Le commerce du cacao a aussi un impact environnemental. Pour répondre à la consommation de masse de chocolat, des forêts entières sont rasées afin d’y planter des cacaoyers, favorisant la culture intensive du cacao. La production du cacao est ainsi la première cause de déforestation en Afrique de l’Ouest. À titre d’exemple, la Côte d’Ivoire a perdu 90% de son couvert forestier depuis 1960.
Selon France Nature Environnement, la déforestation au niveau mondial est responsable d’environ 20% des émissions de gaz à effet de serre (GES) et donc une grande cause du dérèglement climatique.
De plus, la production conventionnelle de cacao provoque la pollution des sources d’eau, consomme beaucoup plus d’énergie, encourage le recours aux produits chimiques dangereux à la fois pour la biodiversité et pour la santé des travailleurs et travailleuses.
La culture du cacao subit aujourd’hui les conséquences de décennies de modes de production intensifs et de précarisation des producteur·rices : l’explosion des prix des fèves l’année dernière en témoigne. La monoculture conduisant à moyen terme à une baisse de la fertilité des sols, les terres disponibles et cultivables se raréfient. Les récoltes sont de moins en moins bonnes en Afrique de l’Ouest depuis trois ans, notamment du fait des évènements climatiques, ce qui entraîne une diminution de l’offre. Ainsi, face à ce déficit, les prix du cacao n’ont jamais été aussi élevés sur les marchés en bourse (12 000 dollars la tonne en avril 2024 (alors qu’ils oscillaient depuis 7 ans autour de 2 300 dollars la tonne).
Ce contexte interroge la durabilité de la filière, et par conséquent l’urgence de la mise en place de nouvelles pratiques de cultures du cacao, plus durables, plus résilientes et plus rémunératrices pour les producteurs et productrices.
Face à une production conventionnelle néfaste, Artisans du Monde met en lumière les effets concrets et visibles du commerce équitable sur la production de cacao.
Grâce à des critères exigeants et à l’engagement des producteurs et productrices, la production équitable porte une alternative.
Par la garantie d’une rémunération juste, les revenus des producteurs·rices augmentent, ce qui permet de couvrir les coûts de production et les coûts de la vie, et assure une stabilité grâce à un engagement de long terme. Le commerce équitable permet également l’investissement et le développement local par l’organisation collective des producteurs et productrices, qui bénéficient de facilités d’épargne et de crédits. En plus de travailler dans des conditions décentes, les producteurs et productrices peuvent investir dans la culture du cacao et l’entretien des parcelles, et donc améliorer les rendements et les revenus.
Les producteurs·rices augmentent les surfaces dédiées aux cultures vivrières, ce qui raréfie l’insécurité alimentaire. Enfin, la prime équitable permet d’investir dans les services essentiels locaux (éducation des enfants, santé…) et pallier le manque d’infrastructures étatiques.
Les producteurs et productrices peuvent vivre dignement de leur travail et ont les moyens d’investir dans des modes de culture biologiques, agroécologiques et résilients face au changement climatique.
Très développée chez les organisations productrices du réseau Artisans du Monde, l’agroforesterie associe par exemple différentes espèces d’arbres et de végétaux, le plus souvent autour d’une espèce principale. Cela permet de créer un écosystème favorable à l’ensemble des espèces, de mieux anticiper les impacts du changement climatique et de produire un chocolat de meilleure qualité.
La production équitable, c’est synonyme d’un commerce où une partie conséquente de la valeur du chocolat reste aux mains de celles et ceux qui cultivent le cacao, où les droits humains des familles paysannes sont la priorité.
Toutefois, la responsabilité ne peut pas peser uniquement sur le choix éclairé des consommateurs et consommatrices de chocolat.
Seulement 5% du chocolat vendu en France est équitable ! C’est important, mais à ce rythme, très insuffisant pour sortir des millions de producteur·rices de cacao de la pauvreté et apporter une réponse aux problématiques environnementales. Pour permettre à plus de producteurs et productrices de cacao de vivre décemment, il faudrait augmenter dans des proportions considérables la part du cacao produit et vendu dans des conditions équitables
Les achats publics, et en particulier la restauration collective, sont un levier majeur pour construire et soutenir des filières durables. Si la loi Climat et résilience confirme le rôle essentiel des collectivités pour une consommation responsable à plus grande échelle, avec l’obligation de 50% de produits durables dans la restauration collective, nous en appelons à aller plus loin, et à passer au 100% chocolat équitable.
C’est dans nos territoires, à l’échelle collective, que nous avons un réel pouvoir d’action aux effets démultiplicateurs, pour que le chocolat reste un plaisir, au goût de justice et de solidarité.
NOTRE ACTION
Divers événements et rencontres sont organisés pour sensibiliser aux impacts socio-environnementaux de la production de cacao et montrer que des réponses concrètes existent, à la portée des citoyennes et citoyens.
Agissons pour du chocolat équitable dans nos communes !
Aujourd’hui nous vous donnons la possibilité d’interpeler votre commune pour qu’elle s’engage en faveur d’un chocolat respectueux des droits humains et de l’environnement !
Signez l’appel Artisans du Monde :
Pour en savoir plus :
Pour un chocolat équitable dans nos territoires
https://artisansdumonde.org/campagnes/pour-un-chocolat-equitable-dans-nos-territoires
International Cocoa Organization = Conseil International du Cacao
https://www.icco.org/
Loi "Climat et résilience"
https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/documents/21128_DP%20Loi_climat_FINAL.pdf